François Chaignaud au Louvre : « Petites joueuses », une danse dans les entrailles du musée
Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, François Chaignaud invite le public à une expérience sensorielle et subversive avec « Petites joueuses », une création où la danse explore les espaces médiévaux du Louvre du 4 au 16 novembre 2024. Conçu comme un parcours immersif, ce spectacle en continu se déroule au cœur des fortifications du Louvre médiéval, là où résonnent les échos d’un autre temps. Dans une alliance avec l’exposition « Figures du fou », qui étudie la folie et ses symboles dans l’art du Moyen Âge, Chaignaud et son collectif de danseurs investissent le musée pour y faire naître un étrange carnaval contemporain, où corps et architecture se mêlent dans une étrange communion.
« Petites joueuses » détourne l’expression éponyme, souvent associée à la faiblesse ou à l’ambition limitée, pour en faire le symbole d’une audace décalée, d’une liberté qui s’approprie sans prétention des lieux sacrés. Sous les lumières conçues par Abigail Fowler et dans les costumes de Romain Brau, les performeurs réinventent chaque espace traversé en empruntant des gestes insolents et poétiques, marquant ainsi le Louvre d’une nouvelle présence vivante. Parmi ces « joueurs » – Esteban Appeseche, Cécile Banquey, Samuel Famechon, Cassandre Muñoz et bien d’autres – la scène devient un terrain mouvant, où les notions de pouvoir et de grandeur sont mises à mal, déconstruites pour mieux s’adapter aux fondations médiévales du musée.
Le Louvre et le Festival d’Automne s’associent pour la troisième année consécutive, renforçant un dialogue unique entre l’art contemporain et les œuvres intemporelles du musée. Avec « Petites joueuses », Chaignaud utilise cet environnement archéologique comme un terrain d’expression brute et ambiguë, où chaque recoin révèle des voix, des chants, des bruits qui animent un espace d’ordinaire silencieux et figé. La collaboration avec des institutions comme La Ménagerie de Verre et le Centre national de la Danse a permis de développer cette pièce immersive, enrichie d’un travail de scénographie signé Senkys, qui confère à la performance un cadre brut et saisissant, en résonance avec la force des murs anciens.
Pour les visiteurs, la déambulation dans ce Louvre revisité est une exploration où les fondations médiévales dévoilent leurs secrets dans une atmosphère troublante et immersive. « Petites joueuses » se dresse ainsi en contrepoint audacieux à « Figures du fou », en réaffirmant la centralité de la marge et de la transgression dans la création artistique. À travers un jeu permanent avec les codes de l’autorité, ce ballet insolite célèbre la liberté d’interprétation des corps, remettant en question les règles qui sacralisent le Louvre pour mieux l’habiter autrement.